Burundi–Tanzanie : Construire la paix au-delà des frontières

12 septembre 2018
© Patrice Brizard / PNUD Burundi / 2018 - Du 5 au 10 septembre 2018, une mission d’évaluation regroupant plusieurs agences des Nations Unies (OIM, UNHCR, PNUD a visité plusieurs sites du programme PBF transfrontalier qui cherche à promouvoir la construction de la paix d’une manière plus concrète, centrée sur le respect des droits de l’homme et la coopération inter agences des Nations Unies.


Par Patrice Brizard

Du 5 au 10 septembre 2018, une mission d’évaluation regroupant plusieurs agences des Nations Unies (OIM, UNHCR, PNUD a visité plusieurs sites du programme PBF transfrontalier intitulé « Prévenir les conflits et construire la paix en traitant les sources de conflit et d’instabilité associées aux déplacements forcés de population entre le Burundi et la Tanzanie ». Cette nouvelle approche transfrontalière cherche à promouvoir la construction de la paix d’une manière plus concrète, centrée sur le respect des droits de l’homme et la coopération inter agences des Nations Unies. Elle est également définie par les Piliers 3 (Mobilité) et 6 (Justice et prévention des conflits) tels que définis par le Cadre stratégique des Nations Unies pour la région des Grands Lacs (GLRSF) et adopté par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Le projet transfrontalier entre le Burundi et la Tanzanie est financé par le Fonds pour la consolidation de la paix (PBF) pour un montant total de 1 999 981 dollars US. Il est actuellement mis en œuvre par l’Office international des migrations (OIM), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), ainsi qu’avec le soutien de la coordination du GLRSF, dans deux provinces du sud et de l’est du Burundi (Makamba et Ruyigi), et dans les districts frontaliers de la région de Kigoma en Tanzanie. Le projet en cours, d’une durée de 12 mois, se terminera en décembre 2018. Des contacts sont pris avec les bailleurs pour tenter de prolonger ce projet en 2019.

Les objectifs de la mission étaient d'évaluer sur le terrain à la fois les progrès réalisés dans des activités de subsistance mises en œuvre au Burundi par l'OIM, le PNUD et leurs partenaires locaux en faveur des rapatriés et des vulnérables des communautés d’accueil, et en Tanzanie de visualiser concrètement les activités de rapatriement volontaire, aussi bien que de formation professionnelle, pilotées par l'OIM et le HCR dans les Camps de réfugiés.

Au Burundi, sur les communes de Mabanda et Kayogoro en province de Makamba, et de Gisuru en province Ruyigi, l’équipe a visité des projets PNUD et OIM, qui incluent des activités de  Cash for Work (argent contre travail), de construction de la paix, de résolution des conflits et d’aide légale (PNUD), aussi bien que de contrôle transfrontalier à Mugina, Kayogoro et Gisuru (OIM).

Activités de rapatriement volontaire dans les camps de réfugiés

Le camp de réfugiés de Nyarugusu en Tanzanie accueille environ 153 000 réfugiés dont près de 66 310 Burundais. Le reste des réfugiés sont Congolais. 77 % de ces réfugiés sont des femmes et des enfants, dont beaucoup sont nés en Tanzanie.

Les activités de sélection et d’enregistrement des réfugiés candidats au rapatriement volontaire ont lieu directement dans le camp, et après autorisation et enregistrement ils sont convoyés vers le Burundi. Environ 1600 réfugiés sont rapatriés chaque semaine au Burundi, où ils sont accueillis temporairement dans un camp de transit. 51 % des réfugiés rapatriés sont des femmes et beaucoup d’entre elles sont accompagnés de bébés nés en Tanzanie. Pendant la visite des camps, la mission a constaté que les mères de ces enfants étaient munies d’une notification de naissance qui n’a malheureusement pas valeur de certificat de naissance. Il a également été établi que certaines familles rentrant au Burundi laissent des membres de la famille derrière elles dans le camp de réfugié.

© PNUD Burundi / Patrice Brizard / 2018 - Des femmes, la moitié sont des réfugiées et l’autre moitié des membres de la communauté d’accueil, sont formées à la couture au centre de formation professionnelle adjacent au camp de Nduta.

Centres de formation professionnelle des camps de Nduta et Nyarugusu

Ces camps sont construits dans la zone tampon à proximité des camps afin d’apporter un soutien à la fois aux réfugiés et aux communautés d’accueil. Géré par l’ONG Good Neighbors, les centres offrent différentes formations comme la menuiserie-charpenterie, la couture-confection, la fabrication de savon, les TIC, la cuisine, les affaires et le commerce. 50 % des bénéficiaires sont issus des communautés d’accueil et l’autre moitié des réfugiés.

L’équipe a toutefois constaté que les formations professionnelles et les certificats offerts aux réfugiés ne sont pas officiellement reconnues au Burundi. Également, les compétences apportées par la formation ne cadrent pas nécessairement avec les besoins au Burundi.