Préserver la cohésion sociale et la justice

ONU Développement
5 min readApr 23, 2021
À Baidoa, en Somalie, Khowla, 25 ans, s’entretient avec des anciens du village au Centre de médiation. Photo : PNUD Somalie/Said Fadhaye

Par un après-midi typiquement chaud et lumineux dans la ville d’Aweil, au nord-ouest du Sud-Soudan, Nafisa prend place dans un petit coin d’ombre sous les arbres. Elle rejoint les 14 autres membres d’un comité de paix récemment créé pour désamorcer les tensions ou autres problèmes susceptibles de survenir entre les groupes tribaux.

Nafisa est particulièrement investie dans les activités du comité. Son fils est un Nuer marié à une femme Dinka, deux ethnies dont les relations ont historiquement été conflictuelles. Elle espère que son travail permettra d’éviter les tensions qui ont affligé une grande partie du Soudan du Sud ces dernières années.

« Notre peuple s’attache aujourd’hui à résoudre les problèmes », dit Nafisa. « Nous avons réussi à diminuer le nombre de mariages d’enfants et à plaider pour que les enfants continuent d’aller à l’école. Nous faisons fi de nos différences, et nous considérons plutôt comme un seul peuple — les Soudanais du Sud ».

Le comité de paix fait partie d’un réseau plus large de structures sociales conformes à la lutte contre la COVID-19, soutenu par le PNUD. Il s’agit notamment de groupes de jeunes, de collectifs économiques et de programmes de formation, qui visent à préserver la cohésion sociale et la justice.

Des femmes se réunissent dans un comité de paix récemment créé. Photo : PNUD Soudan du Sud/Kymberly Bays
Nafisa est particulièrement investie dans les activités du comité. Son fils est un Nuer marié à une femme Dinka, deux ethnies dont les relations ont historiquement été conflictuelles. Elle espère que son travail permettra d’éviter les tensions qui ont affligé une grande partie du Soudan du Sud ces dernières années. Photo : PNUD Soudan du Sud/Kymberly Bays

La COVID-19 a entraîné une hausse du prix des denrées alimentaires et d’autres problèmes économiques qui pourraient facilement déclencher de nouvelles tensions et une compétition pour des ressources naturelles rares.

Le groupe de paix de Nafisa est l’une des nombreuses initiatives soutenues par le PNUD à travers le monde pour renforcer la paix et le développement dans les zones touchées par la crise. Ces initiatives sont présentées et examinées dans le cadre des Dialogues sur le développement, une série d’événements virtuels lancés en mars pour identifier des approches plus souples et plus adaptatives du développement et de la gouvernance.

Les participants, des membres de gouvernements, d’agences des Nations unies, d’institutions internationales, d’ONG, d’universités, de chefs d’entreprise et de la société civile, sont encouragés à s’engager dans des évaluations critiques et réflexives des modèles actuels de développement et de gouvernance à travers cinq approches : la paix, la prospérité, les personnes, la planète et les partenariats.

La COVID-19 a entraîné une hausse du prix des denrées alimentaires et d’autres problèmes économiques qui pourraient facilement déclencher de nouvelles tensions et une compétition pour des ressources naturelles rares. Photo : PNUD Soudan du Sud/Kymberly Bays

« Les sociétés pacifiques ne sont nullement figées », a déclaré Asako Okai, Secrétaire générale adjointe du PNUD et directrice du Bureau des crises. « Rester immobiles, c’est prendre le risque de se retrouver à régresser. Nous ne devons pas permettre à la pandémie de COVID-19 d’annuler des décennies d’acquis durement gagnés ».

À Baidoa, en Somalie, une ville qui a été ravagée par de récentes inondations et des événements liés au climat, le PNUD aide Khowla, 25 ans, à innover en gérant un centre de résolution alternative des conflits. Ce centre sert de médiateur pour les désaccords entre les communautés locales, allant du vol de terres à la violence domestique.

Il s’agit d’un espace sûr très précieux pour les femmes et les filles, à un moment où les ONG signalent que la pandémie a entraîné une hausse encore plus importante des niveaux déjà élevés de violence sexuelle et sexiste.

« Les viols sont fréquents dans notre communauté », déclare Khowla. « Nous essayons toujours de trouver une solution à ce problème et c’est la même chose avec la violence domestique, surtout maintenant que les cas ont augmenté depuis la COVID-19 ».

Khowla fait face à de grands défis. Les femmes luttent pour assumer leur leadership dans sa communauté traditionnelle et elle a déjà reçu des menaces de mort de la part de personnes qui ne partagent pas sa conception des droits des femmes.

« Mon travail est-il dangereux ? Oui », dit-elle. « Mais j’accepte ce défi dans l’espoir d’une société meilleure ». Khowla s’est inspirée d’une citation d’Audre Lorde : « Je ne suis pas libre tant qu’une femme reste prisonnière, même si ses chaînes sont très différentes des miennes ».

Khowla fait face à de grands défis. Les femmes luttent pour assumer leur leadership dans sa communauté traditionnelle et elle a déjà reçu des menaces de mort de la part de personnes qui ne partagent pas sa conception des droits des femmes. Photo : PNUD Somalie/Said Fadhaye

La technologie a joué un rôle toujours plus important dans la préservation des liens sociaux pendant la pandémie. Dans le cadre d’un « hackathon » de trois jours organisé par le PNUD et ses partenaires au Tchad, Cherifie Ahmat Doudoua et Épiphanie Nodjikoua Dionrang ont battu dix autres équipes pour remporter la première place en créant une application qui aide les survivants de violences sexuelles à trouver des services d’aide.

« Nous vivons dans une société où la violence à l’égard des femmes est considérée comme un fait normal et banal, et cela est ancré dans certaines cultures locales, où règne une culture du silence », explique Épiphanie. « La mission de l’appli est de donner la parole aux femmes, de les écouter d’une oreille attentive mais aussi de les orienter vers des organismes susceptibles de les aider ». Alors que la pandémie de COVID-19 fait rage, certaines jeunes filles et femmes ne sont pas en sécurité. L’enfermement a exacerbé les violences faites aux femmes. Avec notre application, les victimes peuvent nous contacter à distance et nous pouvons leur venir en aide ».

Le centre de médiation de Baidoa est un espace sûr très précieux pour les femmes et les filles. Photo : PNUD Somalie/Said Fadhaye

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